Le départ...

Enfin, le temps est venu, pour moi de prendre un nouveau départ. L'impatience guide mes pas, même si la nostalgie le ralentit. Des congénères aussi fraternel qu'aurait pu l'être des sous-fifres de Malorka. Mais je demeurais là, nuit après nuit, pour les protéger. Pour effacer cette dette à ma race de m'avoir fait voir le jour. Même s'ils me détestaient, je ne pourrai jamais les détester, eux qui m'ont toujours haït, frappé, rejeté. Même ses parents sans compassion qui l'aurait laissé mourir pour sauver leur vie. Une dernière promenade, dans ce marais qui a été la limite de son savoir, de sa vie. Mais comme à chaque fois, rien ne va, des pourritures de braconniers, en veulent de nouveau aux arthrosiens, surtout leurs passivités et leur soumission. Ils veulent surement les vendre comme esclaves. Je ne peux pas laisser faire ça même, le jour de mon départ. Je m'approche discrètement d'eux et là, je leur coupe la gorge. Mais ils sont encore nombreux, et tué silencieusement ces monstres ne va pas les empêché de se trouver des victimes. Alors dans un élan frénétique, je tournoie mes lames dans le sang de ces déchets. Un, deux et sa ne fait que commencer. Il n'en reste plus qu'une poignée. Un coup de pied retourné dévastateur en plein dans la figure de l'un d'entre eux. Les autres ont détalé comme des lapins. Des monstres peureux semble-t-il. Mais il en reste un. Le dormeur assommé du coup de pied n'a pas eu la même chance que ses confrères. Alors il servira d'exemple à tout ces détraqués. Je l’emmène sur la grande place du village.

Voyez ! Ce sont eux la source de tous nos malheurs. Il volent, violent, assassine nos enfants. Ceux qui ne sont pas trop lâches pour se défendre. Devront défendre ce village en mon absence. Je sais que vous ne me portez pas dans vos coeurs.

Aucun ne dédaignait écouter, ils me huent. Seul les enfants rempli d'admiration, me regardent. Mais rien n'y faire, ils me hurlent. Le dormeur se réveille, il a eu son réveil le plus éprouvant. Il se débat dans tous les sens mais une fois une lame sous la gorge, il est calmé. j'ai voulu qu'il nous révèle ses sordides intentions, mais il ne se fait pas prier. De l'esclavage... Encore... Mais ils ne sont pas révoltés. C'est comme s'ils acceptent de n'être qu'un vulgaire produit de commerce crapuleux. Pas un seul ne bronche, pas un. Mais puisque le silence règne. Je leur montre ce que je réserve à ces esclavagistes. J'allonge mon prisonnier et je l'éviscère violemment. Et le laisse se vider de son sang. Mais rien n'y faire, ils ne comprennent rien et me disent que si des humains viennent c'est de ma faute. D'avoir tué les humains, je suis coupable et d'après ce que disent ma "famille" se serait à cause de moi qu'il y en a qui viennent... Je suis idiot... D'avoir pensé qu'ils me comprennent. Je suis triste. Une larme coule sur ma joue, une amère sensation dans la gorge. Il est temps de m'en aller...

Adieu...

Les ombres se rapprochent...

La rivière semble infinie dans cette brume grisatre qui la sillonnait de nuit comme de jour, avec un bref répis en fin d'après-midi. La rivière qui relie les Marais d'Ifrecan à la mer est toujours aussi accueillante, à ce que je vois. 
 Verloren grogna, déçu par la constante inactivitée qui nous entourait depuis maintenant deux jours. Ici et là l'on entendait le cri d'oiseaux peu amicaux, le grincement des saules pleureurs sous un vent calme mais mordant, le clapoti de l'eau s'échouant sur les rivages de l'étang. Et pourtant, chaque année des aventuriers sombraient dans la vase avide, trop incrédules pour écouter ce qui en savent plus qu'eux à propos des marais. Moi-même j'y craignais les monstres les plus puissants, ceux dont la nature est bien plus sombres que dans les légendes, dormant depuis le fond des âges, attendant la fin des temps pour déchainer les forces qui détruiront ce monde. Même si les pouvoirs de Malorka nous sont encore inconnus, je me doutais bien qu'Elle pourrait les sortir de leur sommeil semi-eternels rien que pour nous enquiquiner. 
Fort heureusement, je ne suis pas venu ici pour m'occuper de ces fauteurs de trouble. Mon devoir -pour l'instant- se trouve ailleurs. 
L'un des Mystiques, Oldaen, a disparu il y a maintenant trois mois, léguant son héritage terrestre à un jeune lézard inconscient du rôle qui l'attendait... Du moins pour le moment.
Sacré Protecteur, toujours aussi impulsif ! Mais son Devoir a été mené à bien malgré les difficultés, et désormais il siège aux côtés d'Iskaep jusqu'à la Fin. Si seulement les goules ne l'avaient pas empoisonné... 
Arthrosien, je te vois sur ma route, mais tu es encore si loin... Le temple se trouve à un jour de marche, attends encore un peu, et je te guiderais dans ton chemin. Tu sauras pourquoi...

Mes lames saignent. Elle saignent de la mort de l'homme. Elle saigne de ses victimes. Mais le sang coulant de mes lames, sont pour célébrer la venue d'un frère d'arme. Mais je ne sais pas qui il est. Ils me préviennent juste de la venue d'un compagnon. Peut-être devrais-je songer à rester. Attendre sa venue. Mais si mes lames le connaissent, il sait qui était l'ancien propriétaire, il pourra me dire qui il fut et ce qu'il défendait. Il me faut guetter leur arrivée, mais avec cette épaisse brume, je ne pense pas les voir. Je souhaite leur venue depuis que j'ai trouvé noble cause à défendre. Mais en réfléchissant si mon prédécesseur n'était pas avec ses compagnons, aurait-il été trahi ou aurait-il trahi ? Je ne pense pas qu'il ai été trahi, il me semble trop noble pour quelqu'un de son rang. Je ne peux pas faire confiance en ces hommes, je devrais me méfier d'eux, même s'ils se définissent comme mon seul espoir. Je vais les attendre, assis, ici. Le Destin est encore une fois en marche. Une page de mon histoire se tourne, mais pour le moment je reste là, silencieux, immobile et imposant. Chaque arthrosien passant dans la rue me regarde avec dégoût, chaque enfant passant dans la rue me sourissent ce qui n'est pas du goût de leurs parents. L'espoir que m'apportent ces enfants me fait vivre sereinement, qu'importe le nombre de personne me détestant, juste une personne m'aimant suffit à mon bonheur. J'espère qu'un jour, ils comprendront ... que je les protégeais, tout ce temps ... Et que je ne suis pas la source de leur malheur ... Le brouillard se fait de plus en plus épais, et me camoufle. Je ne suis qu'une ombre dans cette brume, une ombre au yeux d'or, comme un phare indique ma position. Le ciel gronde, ils arrivent. M’emmèneront-ils dans l'antre de Malorka, pour annihiler son armée. Je tremble ... Non de peur mais d'excitation. Approchez, approchez chères frères d'armes. Venez tourner la roue du destin, et voir ce que donnera le résultat !

Un nouveau jour se lève, et avec lui un marais verdoyant aux sources chaudes. J'emergeais enfin de la brume tenace, enfin libéré de cette humidité rendant mes vêtements plus lourds. Enfin le temple se dresse devant moi, majestueux, harmonisant les plantes envahissantes dans d'élégantes arabesques à ses pieds. Un monument plus ancien que moi, traversant les âges avec ces quelques dommages temporels : ici quelques fissures, là des pierres érosés, quelques fresques primaires effacées entre deux.  Mais dans l'ensemble, cela tient plutôt bien pour un temple millénaire ! Le village Arthrosien, si ma mémoire ne fait pas aussi de vieux os, se trouve derrière cette immense oeuvre idôlatre.
À mes pieds se je remarque une fleur aux pétales de sang, si fragiles que le vent eut tôt fait de les arracher. Je les regardais s'envoler, avant d'observer et d'écouter. Les arbres tremblent, le silence s'est abattu telle une épée, le sol gronde par à coup.
La brume a changé de nature : désormais c'est un voile noir de fumée qui couvrait le ciel bleu éclatant. L'ombre a commencé son œuvre de destruction, de précieuses vies seront éteintes si nous ne les protégeons pas. Verloren apparut dans mes mains, sa lame fourmillant de désir. Il va y avoir du remoud, et pas qu'un peu. Le jeune lézard attend ma venue, il sait, il doute, mais il m'attendra. L'être que nous allons affronter est puissant, d'un genre nouveau, sans aucun doute un beau cadeau de la part de notre bien-aimée Malorka. Je saute, mon corps long de huit pieds suivant le mouvement dans un tourbillon de tissu, et me retrouve quinze pieds plus loin, en plein coeur d'un combat titanesque. Servir et protéger !

Enfin, il est là. Je le sens, je scrute chaque élément qui m'entoure, le village, le temple, le marais. Il est dans les marais, mais son aura mystique est confuse, mêlée à une présence démoniaque. Mes lames aussi les ressentent. Mon corps frémit encore d'excitation, je me sens en proie à la Folie. Je me lève, j'approche des marais et plus une atmosphère pesante et dévastatrice. J'ai du mal à avancer mais mes lames ont les crocs, un combat devrait les rassasiés. J'aperçoit enfin ce colosse, un compagnon d'armes. Devant lui, une créature gigantesque montre sa mâchoire acéré, de sa bouche, une odeur pestilentielle s'en dégage et des cris effroyables. Un démon ? Pas n'importe lequel l'un des démons de l'ancien temps, mais comment a-t-il pu se réveiller de son repos millénaires. Il était enfoui ici pendant tout ce temps, il l'est toujours en parti, seulement la partie supérieur de son corps est immergé du sol. Ses muscles sont surement rouillés après d'un telle sommeil. Pas de temps à perdre, je me rue sur ses bras. J'ai beau les frappé, il n'y a que des entailles. Je ne désespère pas. Le monstre agacé commence à lever son bras. Sa lenteur ne fait pas craindre mais dès qu'il amorce sa descente, et aux contacts du sol un tremblement résonne. La terre se fissure. La puissance destructrice de juste l'un de ses bras suffit à provoquer un séisme. Il faut l'abattre au plus tôt. Je décide de monter sur son dos et remonter jusqu'à la gorge. Mais le coup qu'il avait donné lui permet de s'échapper d'avantage de sa tombe. Je ne peux plus monter. Je lui attaque les jambes pour l'éviter de bouger, la peau y est moins épaisse. J'arrive à le blesser jusqu'au sang. Mais que fait le colosse immobile, pourquoi ne m'aide-t-il pas ?...

Le pantin

Par ma faux, Eclan Dum, je te reconnais derrière cette forme primitive ! Tu as guéri depuis notre dernier combat, mais nos coups t'ont laissé les marques blanches de la punition divine pour l'éternité. Par tes yeux je ne vois qu'un pantin réveillé de sa prison, aux chaînes que tu portes une soumission contrainte. Ton corps appartient désormais aux ténèbres, et ton esprit gémit sous ses étreintes possessives auxquels tu ne veux te soumettre. Elle seule peut être sauvée, las sa délivrance sera au prix de la mort, car sans enveloppe charnelle elle ne subsistera point en ce monde. 
Verloren t'es encore inconnu, sa lame ne t'as jamais pourfendu, tu n'as encore conscience de son pouvoir. Elle se fera une joie de te libérer, mais ce ne sera pas sans douleur. Tes chairs hurleront, tes os se briseront, tes blessures brûleront. Tu te demanderas pourquoi une telle souffrance, tu te battras, et tu te rappeleras que tu n'es qu'un danger pour les autres. Je me ferais une joie de te supprimer Eclan, car ton repos tant attendu ne fera que commencer après ta mort. 
Le jeune lézard s'élance, il n'a conscience de ta souffrance. Ses tonfas refusent de te blesser malgré sa volonté. De rage tu tentes de l'écraser, dévoilant ta force en brisant la terre. Pardonne-le, car il ignore qui il affronte. Il me remarque enfin, ses yeux lumineux sont pleins de questions, mais je ne peux lui répondre. Son but est noble, mais sa folie rend son attitude imprévisible, incapable d'utiliser ses lames à pleine puissance. Je me dois de le protéger, car tu ne m'écoutes plus, Dum. Adieu.
Un rocher s'élève dans le ciel et se précipites sur sa cible. D'une main tu la pulvérises en plein vol, mais ce n'est qu'une diverson. Me voilà devant toi, Verloren siffle et coupe. Ton bras gauche s'abat sur le sol, fumant. Le sang ne tarde pas à surgir, pluie acide et bouillonnante. Arthrosien, voilà ta chance. Comprends, et délivre. 

Quel coup impressionnant ! Il lui en a suffit d'un seul pour le démembrer. Qui diable est-il ? Et que me veut-il ? Il n'a daigné bouger d'un cil quand j'attaquais la bête. Il veut me tester ou il analyse la meilleur à appliquer. Aussi puissant qu'il est cette créature ne peut lui poser aucune difficulté. Il paraît concentrer, de la méditation. Alors il canaliserait ses forces, voilà pourquoi il ne réagit pas beaucoup...
En regardant ce géant je me rend compte que derrière lui un enfant nous observe. Il est paralysée par la peur. Et ajouter à sa la bête se dégage de plus en plus. Je dois l’arrêter au plus tôt. Avant qu'il ne voit l'enfant. Je lui assainis plusieurs coups violent aux bras sans interruption. Son sang est dangereux, il brûle la faune des alentours. Je le frappe, la chaleur me fatigue de plus en plus. Malheureusement, il vient enfin à se dégager de sa prison d'argile. Il pousse un cri terrifiant, un symbole runique apparaît sur son torse. Ces yeux deviennent rouges. Il est d'avantage terrifiant. L'enfant hurla de tout son soûl, le monstre l'aperçoit enfin.
"Sauves-toi !"
Il ne m'entends pas, il est pétrifié. Mais l'abomination lui fonce dessus. Saisi par une puissance inconnue, je me mets en travers de sa route. Il ne bronche changer de trajectoire, il compte me piétiner. Je lui fonce dessus, je ne sais pas vraiment pourquoi, peut-être que cet enfant me rappelle moi d'une certaine manière, en tout cas, la Folie guide mes pas. Trente , vingt, dix mètres nous sépare. Je repense à tout ce que j'ai vécu jusqu'a présent ... Solitude, dégoût, mépris se sont tout ce que j'ai pu récolté. Je ne peux pas accepté, je veux bien plus, je veux la reconnaissance, la gloire et ma légende. Aujourd'hui je vais passer de l’anonymat à la reconnaissance des miens. Un bruit sourd explosa dans mes oreilles. Il est mort, derrière moi, le monstre coupé en trois. Je me retourne. Je salue mon adversaire. Je m'approche du colosse.
"Qui es-tu ?"

Enfin, le commencement...

Le corps de Dum luisit étrangement, mais ce n'est que lorsque Nohat-Naj se retourna que le danger survint, frappant telle une langue de feu. Un voile noir se détacha du colosse avant de se précipiter sur sa nouvelle victime en soupirant. Sa forme reprit peu à peu consistance, pâle copie de son ancien hôte, la gueule ouverte dans un cri silencieux. Cette même gueule avalait la distance qui le séparait du jeune lézard, avide et déjà triomphant. Se déplacer était une perte de temps, aussi je ne vis pour seule solution que mon pouvoir dit "d'extrême urgence".
Dans un sifflement glacial, je sentais mon corps se dissoudre, emporté par un vent violent. Une envie irrépressible de se disperser pour goûter à la liberté, avant de se réincarner au-dessus de la créature, Verloren brandi vers les cieux. Le coup pourfendit le monstre avant de le clouer au sol, agonisant. Le parasite disparut subitement, se dissolvant en un sombre liquide, comme de l'encre en suspension.
Je jetais un dernier regard au cadavre mutilé : la chair se transformait en pétales bleues, qui s'envolaient légères, mais incertaines dans un ciel revêtant les couleurs du soir. Le jeune lézard se tient devant moi, regardant tristement les restes se désagréger, avant de détourner le regard vers la lune. Celle-ci, drapée de rouge, préféra se cacher dans les brumes pourpres de l'indifférence.
Eclan, ta vie est terminé désormais ici bas. Le Guide de Lumière peut désormais te montrer la voie jusqu'aux royaumes des esprits.
Arthrosien au sang encore bouillonnant, je suis venu te sortir de cette maison qui te méprise sans raison. Les tiens sont saufs, tu peux enfin tourner la tête vers l'Est, vers ta prochaine destination. Ce qui t'attend là-bas, je ne sais, mais notre devoir nous y appelle. Moi, Galdor le troisième Mystique, t'accompagnerais jusqu'aux dents noires des Monts Salfiek, accomplissant mon devoir, à en perdre la vie s'il le faut, pour te protéger de tes nombreux ennemis. Viens, prends ton courage, ta folie et tes rêves, et partons dans ce monde en proie au chaos. Que le sang impur abreuve la terre sous nos pas, les lames dormant dans nos bras, et nos âmes vers la Voie.
Partons jusqu'au bout du monde...